mercredi, juillet 12, 2006

Graphololgie (feat. Sylvie)

Merci à Sabine Paturel qui a tout mangé le chocolat et ne m'a pas inspiré ce post.

L'ennui avec l'internet, c'est que tout le monde peut s'exprimer librement.
CQFD.
Oui, veuillez m'excuser par avance de vous soumettre cette réflexion éculée, que j'aurais dû mener silencieusement il y a déjà une bonne dizaine d'années. (Relisez cette phrase indigeste, moi aussi j'ai eu du mal à la comprendre, burps). Tiens, il y a dix ans, onze pour être exact, en 1995, j'étais connecté avec mon modem 33.6, abonné à Infonie, et je passais mon temps dans leur interface propriétaire à la con, sans me douter qu'il y avait un ailleurs.
Promis. Juré. /spit
J'ai découvert (des fourchettes, des cuillères, tout ça) l'existence de ce qu'on appelle un navigateur environ un an après avoir pris mon abonnement à l'internet, ce qui a produit en moi comme une sorte de fussoir. Il s'appellait De Kersauson, comme le navigateur, il avait un fameux trois mâts fin comme un oiseau, le con.

Mais bon, c'était bien, Infonie, tout ça, on discutait dans les salons pourris de leur interface prorpiétaire à la con, et on était heureux. Quand on cliquait sur "Envoyer", ça faisait un bruit nul, et moi je rigolais à chaque fois. Insouciance, émerveillement, naïveté de la jeunesse, que n'ai je profité de la fraîcheur si douce de tes clairs matins, burps.
Bon, et sinon, le fléau des temps modernes, ma brave dame, c'est les smileys (vache, qu'est ce que je peux utiliser comme virgules en ce moment, si j'étais un marchand de virgules, je serais certainement riche à l'heure qu'il est, avec un bureau en haut d'une tour d'où je verrais la ville à l'envers, d'où je contrôlerais mon univers, mais bon...). Nous, sur Infonie, on avait une espèce de rubrique "comment qu'on fait-y pour y causer sur l'internet ?", avec des conseils, tout ça, et puis la netiquette pour dire qu'il faut être poli avec les gens de l'autre côté de l'internet. Bon, après les gens ont compris qu'ils ne risquaient rien, et qu'il étaient couverts par l'anonymat, et ils ont dit à la politesse d'aller se faire foutre.

Et puis, il y avait aussi un genre de guide des smileys, pour dire aux gens que "mais non, c'est pas une faute de frappe, penchez la tête vers la gauche et vous allez vous marrer comme des baleines à bosse, chenapans !". Si, si, ils étaient très proches des gens chez Infonie. Alors bon, oui, les smileys ça a tout de suite plu, il faut dire que ça faisait son petit effet la première fois, et puis on n'avait pas encore le "lol", c'était bien, c'était chouette.

Donc, bon, bref, le problème à l'heure actuelle, c'est que, à l'instar de ce que je fais avec les virgules, allez comprendre, tout le monde, ou presque, se sent obligé de finir chacune de ses phrases par un smiley. A l'écrit, hein, je veux dire. Non parce que "Salut Jean-Pierre, comment vas tu point-virgule parenthèse fermante ?", à l'oral ça passe un peu moins bien. Essayez sur vos proches, deux points "d" majuscule !
J'ai l'impression que le smiley a acquéri (corrigez moi si je me trompe, hein) un caractère quasi-indispensable dans toute bonne conversation emailo-forumesque qui se respecte. Le smiley à outrance, le smiley comme "détendeur d'atmosphère" (A venir sur ce blog : La place du smiley dans les systèmes de climatisation). Le smiley est devenu LE moyen incontournable de dédramatiser et de minimiser la portée de ses écrits. Comment faisait-on avant, je n'en sais rien.

Mais prenons un exemple concret si vous le voulez bien ma chère Sylvie. J'ai ici avec moi une phrase, que je vous livre entre 14h et 16h sauf le samedi :
Je pense que tu as tort, Hervé, mais je n'essaierai pas de t'en persuader car tu es un sale gros con.
Vous remarquez comme moi le caractère légèrement agressif de cette locution, n'est-ce pas ma chère Sylvie. Agrémentons la d'un smiley fort à propos, voulez vous, et découvrons ensemble le résultat (oui oui, allez y Sylvie, levez le rideau) :
Je pense que tu as tort, Hervé, mais je n'essaierai pas de t'en persuader car tu es un sale gros con ;)
Vous avez vu ? Oui, tout à fait ma chère Sylvie, la phrase est instantanément vidée de sa substantifique moëlle, a tel point qu'on ne sait plus très bien si c'est du lard, du cochon, ou les deux (autre, précisez : ...........).
Agrémentons le tout d'une légère pointe de SMS (sujet que nous n'aurons malheureusement pas le temps d'aborder dans cette émission, n'en déplaise à nos jeunes amis) :
mdr c nimp se ke tu di, RV, t kun gro fdp ;) OOLOLOLOLOL
Avez-vous vu comme l'écrit jeune sauce smiley permet de faire passer les messages les plus graves avec un ton de légèreté déconcertant ? Ne pensez-vous pas que l'écrit, déjà connu pour favoriser la réflexion et évacuer toute forme d'impulsivité, doit bénéficier de l'apport ô combien relaxant et dédramatisant des smileys par millions ? Ne vous êtes vous jamais dit que les smileys sont le moyen idéal d'ajouter ce qu'il faut de pathos à l'expression écrite, si pauvre, si compliquée avec tous ces mots difficiles ? Si tel est le cas, alors sachez que Sylvie vous conchie, bande de staracacadémiciens :) lololoool

Je vous souhaite le bonjour.

lundi, juillet 10, 2006

Chronique : sa mère

... qu'ils l'ont dit, au poste.

Non, je ne vais pas parler de football. Bon, ou alors juste un petit peu, mais pas trop, parce que le football c’est le mal. D’ailleurs, tiens, je ne vais pas parler de football, je vais juste parler de footballeur. Tu sais, Zinedine Zidane.

Pour ceux qui n’ont pas trop suivi, je récapitule : Zinedine Zidane, c’est le plus grand joueur français de football depuis Michel Platini (c’est le gro… le monsieur, là, avec les cheveux et la coupe de champagne, dans les gradin). Zinedine Zidane, c’est un monument vivant érigé à la gloire du dieu football, l’incarnation du fair-play, le symbole d’une France qui gagne (merci à Jacques C. de Paris pour cette phrase).

Et donc hier, pour son dernier match de sa carrière, en finale de la coupe du monde, tranquille, Zinedine Zidane, le Jesus Christ du football, celui qui a marché sur la pelouse et distribué les pains, (Je fais une cure de virgules en ce moment, merci de votre indulgence), a quitté le stade pour la dernière fois sur carton rouge, après avoir mis une tête plongeante dans les côtes d’un joueur adverse alors que le ballon était à l’autre bout du stade. Rendez-vous compte comme c’est triste. Enfin, pour TF1. Parce que sur TF1, après le match, ils avaient prévu un "dispositif exceptionnel" avec plein de célébrités comme par exemple Lorie, Stomy Bugsy ou Amel Bent pour discuter de la victoire, et dire aux gens d’acheter leurs disques quand même un petit peu, parce qu’il faut bien manger, tu comprends.

Bref donc, Jean-Pierre Pernaut était bien embêté. Et du haut d’une terrasse surplombant des Champs-Elysées clairsemés, il se demandait bien ce qu’il allait pouvoir faire de ce "dispositif exceptionnel" qu’on lui avait foutu dans les pattes, à la suite cette cinglante déroute. D’autant plus que là, aucun reportage abscons sur le tissage à l’ancienne de tapis de salle de bain dans le Limousin ne viendrait lui sauver la mise. Et Zinedine Zidane qui quitte le football, comme ça, sur un coup de tête. C’est balot, hein. Du coup, c’est Bernard Tapie, le couteau suisse télévisuel, qui a été chargé de trouver une excuse pour ce geste malheureux. Et Bernard, lui, il en connaît un rayon en excuses. Alors bon, il nous a raconté que oui, d’accord c’est mal ce qu’a fait Zinedine, mais en même temps ce n’est qu’un homme (ça c’est le côté roubignoles de Bernard qui parle), et que d’ailleurs s’il avait fait ce geste, c’est probablement que l’italien avait dit quelque chose de grave, je cite, "certainement à propos de sa mère".

Imparable comme excuse. Argumenté, élaboré, indiscutable. Non, il fallait bien un Bernard Tapie pour réhabiliter Zidane aux yeux du monde, et ce fut une réussite totale. Il faut dire que les excuses potentielles à ce geste n’étaient pas facile à trouver. C’était soit :

- "Il a traité sa mère.", c’est donc l’excuse qui a été choisie.

- "Il lui a cassé son équerre, et volé son compas.", une excuse tout à fait valable, mais pas hors période scolaire.

- "Il lui a volé des billes pendant la récré, et même des calots.", et ça, ça méritait quand même bien un coup de boule. Pas les billes, merde !

- "Il a dit à tout le monde qu’il fait encore pipi au lit.", alors que c’est même pas vrai heu !

- "Il n’y avait pas hors-jeu !", mais bon, c’est vrai, il n’y avait pas hors-jeu et personne n’a rien dit, alors ça n’allait pas, du coup...

Je tiens donc à féliciter personnellement Bernard Tapie, qui a une fois de plus rétabli la vérité et fait à nouveau briller cette petite lueur d’espoir dans les yeux des petits enfants et de leurs parents fans de football et déséquilibrés.
Ou pas.

Mais la vraie mauvaise nouvelle du week-end, c’est la dernière de Tout le monde en parle. La dernière émission animalière dans laquelle on pouvait observer les célébrités a l’état sauvage, toutes rassemblées autour du point "d’eau". A l’heure où les grandes vedettes vont boire, Thierry Ardisson - barman présentateur, Paris - branchait les caméras pour nous offrir de magnifiques images de cette faune en semi-ébriété. On se serait cru dans un reportage du National Geographic. Sauf qu'au National Geographic il y a les bousiers, donc ça a forcément plus de classe.

Pour cette dernière, l’ambiance n’y était pas, au contraire d’une certaine amertume. Ca c’est la vodka, ça pique un peu. Jamel Debbouze et sa bande de joyeux lurons, on bien essayé de relever le niveau en aspergeant le plateau de champagne, mais bon, Madame de Fontenay a à peine gloussé, et ça a mouillé les fiches, et après comment veux-tu, merde !

Non, ce qu’il faudra retenir de cette émission, c’est le sens de la formule de Thierry Ardisson (le seul qui n’était pas bourré). En effet, lors de l’ultime blind test, sonnant le glas de l’émission, Titia, une ex-potiche reconvertie en rien, s’afférait à danser langoureusement à côté du DJ, engoncée dans une robe environ 7 fois trop étroite pour elle (j’ai fais des calculs, faites moi un peu confiance, nom d’un chien !). Oui parce que tu vois, Titia, le blind test elle s’en fout, et d’ailleurs elle connaît déjà toutes les réponses. Du coup elle préfère montrer son… talent pour la danse, tu vois. Elle a ça dans le sang, je ne sais pas si vous pouvez comprendre.

Et donc, alors que son abracadabrantesque poitrine (merci à Jacques C. de Paris pour cet adjectif) (non, vraiment, ou alors c’est peut-être l’effet 16/9éme qui écrase un peu. Dites moi ce que vous en pensez si vous avez un 4/3.) prenait une fois de plus le dessus sur une robe à l'agonie, et qu’à côté Jamel Debbouze, estomaqué, lançait un "Non mais c’est pas possible, on voit tout !" mal camouflé par le brouhaha, Thierry Ardisson décocha une phrase qui restera à jamais gravée dans ma mémoire (ou au moins jusqu’à fin juillet, ensuite on verra…) :
"Titia, vous êtes l’incarnation du service publique."
Avouez que c'est quand même plus élégant que de la traiter directement de grosse pute.
...
La prochaine fois, je vous parlerai peut-être du concours de pétanque retransmis sur France 3, à 3 heures du matin. J'ai dit "peut-être", hein, pas la peine de se réjouir trop vite...

Je vous souhaite le bonjour.