samedi, août 06, 2005

Nous sommes perdus

Dans une semi pénombre, moite, je scrute sans conviction le dernier épisode des aventures navrantes et navrées de mon indubitable fiancé. Et ce, à des fins scientifiques, vous pensez bien.
Une phrase revient, entêtante : "Mais bordel, qu'elle est conne !".
(Oui, bon, je sais, je me prends au jeu, ce sont des choses qui arrivent même à l'élite.)
Jean-Philippe se tient à ma droite, stoïque, comme à sa bonne habitude. C'est l'avantage qu'ont les Yuccas sur nous, les humains : même dans les pires moments de sa vie, le Yucca reste droit dans ses bottes, imperturbable. Même au crépuscule de son existance, le Yucca fixe inlassablement la ligne bleue des Vosges, et il t'emmerde ("le con", ai-je envie d'ajouter).
De par le fait, même devant mon indubitable fiancé, Jean-Philippe ne réagit pas. Il est très, très fort, le bougre.
Moi, pendant ce temps là, j'ai un petit peu envie de me faire couler de l'eau de javel dans les oreilles pour me laver un peu la tête. (Ne le faites pas à la maison, ça pique. Ou alors, si, faites le, mais dites pas que c'est moi, et ne venez pas vous plaindre si vous mourrez.)

Je me demande alors où va le monde. Il y a quatre semaines, ou quelque chose comme ça, Elisabeth Quin réussissait à placer le mot amphigourique lors de la critique d'un film. Tout était parfait.
Top définition !
[En parlant d'un écrit, d'un discours, d'un lang., d'un style] Qui a le caractère de l'amphigouri. Synon. embrouillé, obscur.
Je repensai alors à ce texte de Balzac :
Top citation ! (Oui, j'ai décidé de mettre des "Top citation !", "Top définition !" et ponctuations épileptiques un peu partout, ça donne un putain de dynamisme au récit, vous ne trouvez pas ? Bon...)
"Les mots nouveaux créés par les événements, ou ceux que le caprice met à la mode, prêtent d'abord à la conversation de ceux qui s'en servent je ne sais quoi d'amphigourique et d'obscur qui leur donne une supériorité soudaine, ils paraissent profonds à ceux qui ne les comprennent pas." H. DE BALZAC, Les Mots à la mode
Oui, parce que je ne sais pas vous, mais moi quand je trouve que tout est parfait, je pense à des trucs écrits par de grands auteurs que je n'ai jamais lu. Et je joue un peu de luth, aussi.

Et puis donc, en quoi, quatre semaines, je disais, tout s'effondre.
Déjà, il y a mon indubitable fiancé, qui est quand même un programme de qualité. (Je nous donne encore deux semaines avant qu'un obèse se fasse lyncher en pleine rue.) Et j'attend avec impatience le petit couplet moralisateur qui ne manquera pas de surgir au dernier épisode. Un peu du genre : "Vous savez, même si les gros sont des êtres immondes et répugnants, n'oubliez pas que sous ce tas de chair flasque, il y a un petit coeur embourbé dans le gras qui essaie de battre. Les gros sont des gens comme tout le monde, ne leur jettez pas la pierre. (Vous pouvez quand même leur jetter des cailloux si ça vous démange trop...)".
Bon, ensuite, il y a deux jours, tous les journaux de toutes les télés du monde, et j'exagère à peine, ont ouvert, matin, midi et soir, sur le retour de Zinedine Zidane en équipe de France de football. Z'allez me dire "Roooh, bah ça va hein ! Ca change des morts et des blessés !".
Voui.
Mais bon.
Merde.
Faire l'ouverture d'un journal parce qu'un autiste (presque chauve en plus, y manquerait plus qu'il soit obèse !) qui avait l'habitude de taper dans une balle mais que bon il avait plus envie, et ben là, hop, il a de nouveau envie... Bon, d'accord, mais c'est pas essentiel à l'essort d'une population, hein ? (Dites moi, que ce n'est PAS essentiel, je vous en supplie.)
Ajoutez à cela le fait que je suis en vacances...
...
Avec un rhume.
Oui, tu vois, certains partent en vacances avec un bon bouquin, moi je reste chez moi avec un bon rhume. On s'occupe comme on peut, hein. (Et on ne juge pas.)

Bref, admettez le : tout est foutu, nous sommes perdus.
Hein ?
Vous pouvez me le dire, je suis prêt à l'entendre.
...
Bon.
Et n'allez pas me faire croire que subitement, comme ça, parce que j'arrête de fumer, gnagnagna, je me met tout à coup à tout dramatiser pour compenser.
pffffff....
...
N'importe quoi.

Je vous souhaite le bonjour.

7 Comments:

  • puisque tu arretes de fumer, je te rappelle que les feuilles de Yucca ne se roulent pas.

    By Blogger remboy, at août 06, 2005 10:34 AM  

  • J'espère que Jean-Philippe, s'occupe bien de toi durant cette terrible épreuve (le rhume).
    Concernant l'autiste, non, il ne me semble pas que ce soit essentiel. Après sondage autour de moi il semblerait que le terme indispensable soit plus approprié... Triste monde tragique...

    By Anonymous Anonyme, at août 06, 2005 11:17 AM  

  • on a le droit de dire du mal de Zinedine Zidane, en France? Je croyais que c'était considéré comme crime contre l'état et puni d'un passage au JT de Jean-Pierre Pernaut

    By Anonymous Anonyme, at août 07, 2005 7:08 PM  

  • Voilà que l'autiste entend des voix... on est décidément foutu !

    By Anonymous Anonyme, at août 09, 2005 2:30 PM  

  • remboy> Trop tard.
    Edouige> Jean-Philippe est un con.
    flippy> Je te rappelle que je suis un malade mental et que j'ai un flingue, alors c'est pas un petit Pernaut qui va me faire peur.
    emile> Tout n'est pas perdu, il reste l'eau de javel.

    By Blogger Jean-Pierre Jean, at août 12, 2005 6:54 PM  

  • Et ben on s'internationalise Jean-Pierre...

    By Anonymous Anonyme, at août 21, 2005 10:31 PM  

  • zane> Mille merci pour tes encouragements. J'ai particulièrement aimé ton premier post qui dit : "My first post (of many) to this damn blog. Hope it looks good!". Et c'est tout.
    Et même si tu veux devenir un "park ranger", et même si tu ne comprends sans doute pas un traitre mot de français, je vais laisser ce lien, afin que le monde sache que tu es un être exceptionnel, avec tous les Werther's Original que cela implique. Merci.
    Emile> Sans doute un sale coup de Jean-Philippe.
    Il n'aime pas que je parle de lui.

    By Blogger Jean-Pierre Jean, at août 24, 2005 12:44 PM  

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