mercredi, juin 15, 2005

La fin du monde

Ah non, mais non, mais alors non mais pas du tout !
Mais qu'est ce qu'ils foutent, là, eux ? (Par "eux", j'entend évidemment "les autres", ceux qui sont dehors, pas de chez moi, les méchants.)
...
Non parce que ce que j'aime, moi, dans les jeux vidéo, c'est que c'est quand même un bon truc de glandeur. On est là (non, là) mollement avachi dans un fauteuil en cuir, comme une épave de bureau. On fait corps avec le fauteuil. Parce que quand on joue, on ne prête pas son fauteuil, oh ça non, jamais. Le fauteuil pour jouer, c'est quelque chose de personnel, tu vois, un peu comme un slip, mais en fauteuil. Avec les années, avec les heures d'immobilité de son occupant, avec des litres de sueur poisseuse imprégnées dans les tréfonds de sa matière, il épouse parfaitement votre morphologie, il devient vous, vous devenez lui, vous ne faite qu'un et vos vies sont liées à jamais dans la victoire comme dans la défaite, dans la joie comme dans la douleur, amen. Et non, nous n'irons plus jamais où tu m'as dit "Je t'aime.", car après tout, tu n'es qu'un fauteuil. Mais non ça ne veut pas dire que je ne t'aime pas, mais tu dois faire la part des choses, enfin. Et non, je n'ai pas regardé l'assise de cette chaise tout à l'heure, tu te fais des idées, de toute façon c'est toujours le même cinéma à chaque fois qu'on sort...
Mais où avais-je la tête ? (Que le premier qui dit "dans ton cul" soit transformé en sandale)

Bon, donc, le coup du fauteuil, je crois que j'ai pas besoin d'y revenir, vous avez dû saisir le concept. Bref, lorsqu'on joue, on est là (non, là, merde !) tranquillement dans son fauteuil (et néanmoins ami) à faire son lard, et puis on se dit que bon, c'est vrai qu'il faudrait faire un peu de sport, prendre l'air de temps en temps pour garder la forme, mais en même temps on n'est quand même pas pourri, et puis tiens, je crois que je vois un mec qui bouge, là bas, derrière le buisson, je m'en vais lui exploser la tête à coup de crosse, ça me fera des points. Et puis vu que je suis le seul rescapé de l'équipe, et que donc tous les autres types du serveur me regardent, autant me le faire à coup de crosse pour épater la gallerie.
Après, normalement, on se fait canarder par un autre qu'on avait pas vu, et pendant qu'on essaie de se mettre à l'abris derrière la carcasse de bagnole, on se dit que "p'taiiiin, mais cours bordel !! Qu'il est lent, même moi j'irai plus vite... pffff, voila ! Chuis crevé, bravo, jeu de merde", en parlant du type qu'on fait courrir à l'écran en appuyant d'un doigt suintant sur flêche haut.
Le truc, finalement, c'est que j'aimerai bien m'y voir, à détaler dans les trous d'obus avec un barda de 15 Kg sur le dos, une mitrailleuse et un casque lourd. Non mais sans blague. Non, en fait, j'aimerai pas m'y voir.

Au contraire de ces types, là.
Les fumiers.
Je me croyais à l'abris, tranquille dans mon fauteuil-ami avec mes chips. Je croyais que je pourrais passer ma vie à brailler après un tas de pixels qui ne cours pas assez vite. Je croyais que je n'aurai pas à sortir, dehors, là où c'est plein de gens pas contents que je ne connais pas, et qui veulent me supprimer, c'est sûr...
Et soudain tout s'effondre parce qu'une bande d'abrutis mondains s'est dit que ça serait chouette de jouer à Pac Man virtuel dans les rues, gnnnnnhhh. (Et t'as combien de gigas sur ton disque dur ? gnnnnhhh ?) Et ce n'est qu'un début. Je vous aurai prévenus. Vous verrez, vous aurez l'air fin quand votre conjoint vous surprendra en plein délit d'adultère avec la table à repasser alors que vous êtes à fond dans votre partie de Human Sims 2.
- Mais enfin Hubert ?
- Simone, ça n'est pas du tout ce que tu crois.
- Hubert ! Non... Pas toi... Pas toi Hubert... Je te croyais différent...
- Mais... Simone, cette table à repasser ne signifie rien pour moi.
- Adieu, Hubert, tu es une personne abjecte, je ne te le pardonnerai jamais.
- ...

Vous verrez...

Je vous souhaite le bonjour.