jeudi, juin 09, 2005

Le cachet de la poste faisant chier

C'est à ce moment la que j'ouvre la boite aux lettres.
Tiens, un avis de passage du facteur pour un recommandé. Bon, que je me dis, ça doit être les papier pour demander l'immatriculation de mon nouveau cheval (souvenez-vous, merde...). Comme j'ai pris une journée de congés a cet effet, justement (comme quoi la préfecture serait ouverte de 10h45 à 12h15, si tu vois ce que je veux dire), je me dis que bon, c'est bien tout ça.

D'expérience, je sais que le bureau de poste ferme ses portes à 18h30.
Il est 18h26.
Je suis tout à fait calme, le bureau de poste se trouve à environ 350 m de ma boite aux lettres.
Il me reste 4 minutes pour aller chercher les précieux documents et ainsi mener à bien cette mission très périlleuse, demain, qui consiste à arriver à la préfecture pendant les horaires d'ouvertures.
Je pars sans tarder, en pressant le pas un peu quand même, parce que bon c'est bien joli d'être calme mais y'a des fois où merde, non mais alors...

18h29 et 30 secondes, le bureau de poste est là, à portée de main, je peux quasiment le toucher. Les portes sont fermées, alors je me dis, sereinement : "Putain de bordel de merde, sa race maudite !". Cette phrase est pour moi comme un sésame, qui m'a maintes fois sauvé la mise. Et cette fois encore le miracle s'accomplit : un type sort du bureau de poste, les portes automatiques s'ouvrent en grand, je m'engouffre dans le local, ou patientent encore quelques clients.

Brigitte, car elle avait vraiment une tronche de Brigitte, m'acceuille avec toute la courtoisie que son gracieux physique suggère (ah non, désolé, on avait dit pas le physique, au temps pour moi...).
S'ensuivent alors les faits dramatiques que je me dois de retranscrire ici :
Brigitte : "Ah non, c'est fermé monsieur !"
Je me fige et regarde l'heure, incrédule : 18h30 sur la pendule offcielle de la poste. Je tend mon avis de passage du facteur, abasourdi.
Moi : "Mais ma... ma... maiis... maaaiiiheuu... C'est juste un recommandé à retirer, ça prend deux secondes..."
Brigitte : "Non monsieur, c'est fermé, là, c'est pas possible, c'est fer-mé !"

Faire abstraction.
Oui, voila.
Faire abstraction.

Ne pas se laisser emporter par la colère et la haine. Ne pas se dire que je vais perdre une matinée à cause de la paresse de cette misérable conne. Ne pas avoir ces visions de Brigitte hurlant de douleur alors que je lui plaque mon flingue sur la tampe après lui avoir explosé les genoux.
Non. Je suis quelqu'un d'équilibré.
Même si j'ai un tout petit peu envie de la tuer, quand même.
Moi : "S'il vous plaît, c'est vraiment très important, j'en ai besoin ce soir."
Bon, d'accord, je mens un peu, parce que j'en ai besoin pour demain matin, en vrai, mais bon c'est Brigitte, elle n'a pas besoin de connaître les détails.
Brigitte : "NON MONSIEUR ! Revenez demain."
Vous croyez qu'elle m'aurait dit "bonne soirée" ou même "désolée" ? Rien du tout.

Bon, ok Brigitte. Il y a deux autres guichets ouverts dans ce bureau. Je vais rester là, calmement, et attendre que l'un d'eux se libère. On verra si tes collègues sont aussi abrutis que toi. Merde : le premier guichet qui se libère est celui de Brigitte.
Je suis là, planté comme un yucca au beau milieu du bureau de poste, l'air hagard. Je ne me vois pas, mais j'ai l'impression de faire la tête de quelqu'un à qui on vient d'annoncer son cancer. En même temps, j'imagine que je coupe un à un les doigts de Brigitte avec un sécateur rouillé. Cela dit, je suis quelqu'un d'équilibré, hein...
Brigitte part dans l'arrière boutique en m'ignorant.
"Putain de bordel de merde, sa race maudite !", que je me dis dans ma tête, comme ça, on ne sait jamais, si mon sésame veut bien fonctionner une seconde fois en si peu de temps.
Brigitte réapparaît.
Brigitte : "Bon allez, venez..."
Moi : "Ah... Merci... C'est juste un recommandé, je vous promet que je ne vous embêterai pas longtemps..."
Ma conscience : "Sale conne, je cracherai sur ta tombe !"
Brigitte : "Oui non parce que vous comprenez, déjà hier soir on a fermé en retard... Bon, j'espère que je vais la trouver votre lettre, hinhinhiinnn..."
Moi : "Vous êtes gentille, merci beaucoup."
Ma conscience : "Je m'en fous de ta vie, connasse. Tu crois que je vais te couvrir de louanges parce que tu fais deux minutes d'heures supplémentaires ? Vas chercher et tais toi, tu m'insupportes, je te conchie."
Brigitte revient avec ma lettre.
Brigitte : "Voila. Vous signez là et là."
Ma conscience : "Je suis au courant, poufiasse, ne me prend pas pour une truffe."
Moi : "Merci encore, bonne soirée."
Brigitte : "Bonne soirée."
Ma conscience : "C'est ça, t'es conne, mais t'es bonne... Ah bah non, même pas."

C'est dans ces moments la que je me demande si des fois je ne serai pas un peu rancunier.

Je vous souhaite le bonjour.

15 Comments:

  • et vulgaire aussi, han. pas bien.

    By Anonymous Anonyme, at juin 10, 2005 12:02 AM  

  • Si tu savais comme je regrette...
    J'appelle interflora immédiatement pour envoyer un bouquet de tulipes à cette bonne vieille Brigitte.

    By Blogger Jean-Pierre Jean, at juin 10, 2005 11:56 AM  

  • Je me demande si Brigitte ne vient pas faire de l'intérim à la poste près de chez moi. Et au guichet de la banque aussi. A la sécu. Et aux impots.
    Mais elle est partout celle là !

    By Blogger remboy, at juin 10, 2005 10:44 PM  

  • Merde, moi aussi j'en ai vu plein à la préfecture vendredi matin.
    Une armée de clones controlée par la république.
    Tout cela ne présage rien de bon...

    By Blogger Jean-Pierre Jean, at juin 13, 2005 1:59 PM  

  • Faisant un saut sur le blog de Fleafou, j'ai rebondi ici et : J'AIME ! (et ricane bêtement toute seule face à mon écran...)
    De plus, monsieur, vous avez tout mon respect pour être une des rares personne que j'aie vu orthographier convenablement l'expression "au temps pour moi". Puis-je me permettre d'ajouter : "dans mes bras" ?

    By Blogger Salamandre, at juin 28, 2005 11:12 AM  

  • viens bosser à la poste, trou du cul, tu verras ce que c'est qu'un connard qui vient te faire chier à 30 secondes de la fermeture alors qu'il a eu toute la journée pour venir !!!

    By Anonymous Anonyme, at février 13, 2006 11:18 AM  

  • Non mais c'est bien vrai des fois!!!lol!
    Quand on travaille, on n'a pas toute la journée(pour Joel)
    Moi, je suis dans le commerce et les clients viennent à la fermeture comme par hasard, mais c'est pas pour çà que je vais leur dire c'est fermé!
    Cest bien les fonctionnaires!
    Oh , la boulette! lol!

    By Anonymous Anonyme, at mars 13, 2006 10:51 AM  

  • Outre-Atlantique, ils ont une expression qui veut dire "Péter les plombs" en ce qui concerne le surmenage professionnel: "to go postal". Et bien oui, monsieur, les postiers ont aussi des visions de guns (et pas que des visions selon les faits divers) pointés sur la tête des clients difficiles. Alors que chacun prenne sur soi. On n'est pas chez les sauvages. Keep cool, Zen, relax, allez boire un coup...

    By Anonymous Anonyme, at mai 28, 2006 6:05 AM  

  • Joel, je vais te dire un secret : il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre sur ce blog. Tu devrais le savoir, pourtant, toi qui es de la maison... (haann, lettre, poste, humour, t'as vu ?).
    Comprend toutefois que, ayant un métier dans lequel on ne compte pas ses heures, j'ai pu être quelque peu choqué par le comportement de Brigitte. Mais je n'ai pas vraiment eu envie de la voir morte, si ça peut te rassurer. Et puis elle a fini par me servir, preuve que c'est un coeur. Comme tous les postiers qui sont des gens formidables (j'en fais trop là, non ?)

    Allez, on se fait un bisous et on sèche ces vilaines larmes. C'est fini, laaa...

    Mr Anonyme> Marrante ta blague sur le surmenage professionnel et les postiers ! Une autre !! (Joel, essaie de te contenir, ceci un test de résistance psychologique.)

    By Blogger Jean-Pierre Jean, at juin 09, 2006 9:13 AM  

  • Et reconnaissons, en cette semaine pour l'emploi des personnes handicapées, que la Poste fait d'énormes efforts en employant une grande majorité d'handicapés mentaux pour travailler aux guichets.

    By Anonymous Anonyme, at novembre 16, 2006 2:37 PM  

  • Emile, je vous demande de vous arrêter !

    By Blogger Jean-Pierre Jean, at novembre 23, 2006 9:50 AM  

  • ouai émile arretez il n y a pas que des handicapés mentaux il y a aussi des grands handicapés physiques ===> les facteurs :)

    arf je me démistifie moi meme ( je suis facteur )

    sinon ba le pétage de plomb arrive a tout le monde et en fin de journée on en a un peu marre quel que soi son travail
    j avai fait une journée aux guichets pûtain faut savoir prendre sur soi entre les abr*** qui vous traitent de sales fontionnaires et ceux qui disent vivement l arrivée de la concurence ha et j oubliai les pleureuses fauchés comme le blé et ceux qui s ennuient et qui passe plusieures foi par jour pour un timbre

    By Anonymous Anonyme, at avril 25, 2007 6:17 PM  

  • C'est marrant ces commentaires qui s'échelonnent sur plusieurs années. Nous sommes en avril 2007, j'espère que ce blog ne va pas fermer sinon, p de bdm (pour rependre en bref les belles paroles de ce bon Mr Jean), j'explose internet, et je brûle tous les doigts sur tous les claviers (pour de rire en faux, bien sûr!) Bonne décennie! P.

    By Anonymous Anonyme, at avril 27, 2007 4:50 PM  

  • Moi aussi je déteste les Brigitte il y en a une à coté de chez moi glandeuse comme pas possible, c la comère du quartier

    By Anonymous Anonyme, at mai 16, 2008 12:22 AM  

  • Arrivé ici tout à fait par hasard, je ne suis resté que pour poster ce message. Explication : Je suis facteur à la poste et ma maman s'appelle brigitte...Dis-donc Joe l'indien, tu ne m'en voudrais pas un petit peu ?? Parce que ca fait beaucoup de coincidences, tout ca, quand même...:)
    Et sinon j'apporte tout mon soutien à mon collègue joël. En plus, il a raison. Arrêtez de prendre les employés administratifs pour des sous-fifres à votre botte.

    By Anonymous Anonyme, at mai 21, 2008 11:18 PM  

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